Les remparts et portes

C’est une enceinte qui se présente sous la forme d’un pentagone irrégulier, dont le plus grand côté (face nord-ouest), mesure environ 300m de longueur, et le plus petit (face sud-est) environ 80m. La muraille a une hauteur moyenne de 6 à 9m et une épaisseur de 1,60m, ces dimensions permettent l’existence d’un chemin de ronde continu de 1,10m de large. Le long de ce dernier court un parapet percé de meurtrières de forme ovale supportant des merlons réalisés en pisé.

Ces tours ont des dimensions irrégulières, mesurant environ 5m de large sur 3,50 à 3,90m d’avancée.
Ces tours possèdent un plan particulier. Elles sont creuses et comportent trois niveaux : le premier, l’inférieur, est constitué par une chambre inaccessible mesurant 2,50m sur 2,50m, construite en pisé et recouverte d’une coupole sur pendentif, à l’exception de quelques tours situées dans la façade sud-est qui renferment des voûtes en berceaux. Au- dessus, une chambre supérieure est accessible par une baie et comprend un arc au milieu supportant le plancher en solive et volige. Le dernier niveau est constitué d’une plateforme entourée d’un parapet crénelé, aux merlons semblables à ceux du rempart.

La grande porte de Chellah est à coude simple, s’ouvrant à l’intérieur face au sud-est, et comporte de part et d’autre une tour décorée de forme octogonale à plateforme supérieure quadrangulaire. L’ouverture de l’extérieur est consolidée par deux piliers de maçonnerie reliée par une poutre.

La décoration de la face extérieure de la porte est très riche, serrée, et en pleine pierre, avec des lignes architecturales très habilement calculées. Cette porte contient plusieurs plans : une frise et un bandeau épigraphique, des écoinçons, et deux arcs superposés.

L’arc inférieur est composé de lobes dessinés par deux rubans entrecroisés. Il est orné d’un ensemble de motifs : une coquille surmontée d’un fleuron issu de la palme et entourée de deux pommes de pin. L’arc supérieur est d’une brisure moins accentuée, il repose sur deux colonnettes simplement esquissées, et est également dessiné avec des rubans entrecroisés. Sa décoration est composée d’une coquille au centre, des pommes de pin et des fleurons remplissant chacun un lobe.

La grande porte principale supporte deux écoinçons meublés d’un entrelacs végétal, une inscription formant encadrement rectangulaire nous informant sur le bâtisseur de cette porte et sa date de construction et d’achèvement des travaux.
Cette inscription décrit ce contexte ainsi :

« Je cherche refuge auprès d’Allah contre Satan le lapidé ! Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux ! Qu’Allah inspire des prières pour Notre Seigneur Mohammed et sa famille et qu’il leur accorde le Salut !
La construction des remparts de ce ribat béni a été ordonnée par notre Maître le Sultan, l’Emir des Musulmans, Abou ‘l-Hassan, fils de notre Maître le Sultan, l’Emir des Musulmans, le sanctifié, l‘objet de la miséricorde divine, Abou Saïd, fils de notre Maître, le Sultan, l’emir des Musulmans, le sanctifié l’objet de la miséricorde divine, Abou Iousof, fils de Abd el*Haqq. Qu’Allah éternise leur empire ! Cette construction fut terminée à la fin de dhou l*Hijja de l’an 739.
Date correspond au 8 juillet 1339 ».

L’ensemble est couronné d’une frise à muqarnas (gravure) et atteint une hauteur totale de 9.95m. Un couloir simple couvert d’une voûte d’arête en briques cuites assure l’accès à l’intérieur du Ribat béni (Al-Ribat al-Mokaddas).
Au-dessus du bandeau épigraphique vous remarqueriez, une haute frise dont une série d’arcatures aveugles au nombre de treize, elles reposent sur de petites colonnes torses engagées.
De part et d’autre de chacune des plateformes des tours, il existe quatre médaillons lobés portant une eulogie en écriture coufiques mentionnant :

1. « AL Moulkoû lillah » : Souveraineté ou la royauté appartient à dieu.
2. « AL Izate lillah » : La Gloire à Dieu.
3. « AL Baqaou lillah » : La pérennité appartient à Dieu.
4. « AL Azamat lillah » : La grandeur au Dieu.

Elle se présente comme une porte à coude simple, et apparait extrêmement simple dans la face intérieure de l’enceinte.

Bab ‘Aïn Ajenna est constituée d’un arc en brique outrepassé et légèrement brisé, mesurant de la clef de voûte au sol ancien 4,40m, et large de 2,66. De chaque côté de cet arc existe un pilier destiné à le contrebuter, réalisé en pierres de taille. Dans le pisé du rempart sont encastrés des pieds droits. Aux angles supérieurs, deux pierres plates, inégales, se présentent comme des fragments ligneux.

La porte possède quatre portails, deux à l’intérieur du coude, formant un rectangle, et sont traversés du mur d’enceinte, et deux portails à l’extérieur qui sont en pierres de taille. La porte est décorée de motifs ornementaux et des lignes de construction des dessins de merlons. Cette décoration se trouve uniquement sur un portail intérieur.

De plus, l’exhaussement du sol a produit l’enterrement de la porte jusqu’au-dessus de la naissance de l’arc.

A l’instar de la grande porte, la porte des jardins présente à l’extérieur une façade en pierres de taille, dont le mortier de joint est épais. L’arc, de 3m d’ouverture, brisé, était délimité par une série de claveaux.
Les écoinçons sont nus et placés sur un plan légèrement en retrait. Le rectangle de la porte est délimité par deux pilastres en pierres de taille qui supportent deux larges consoles, et dont les faces latérales portent un motif serpentiforme. Aussi, derrière le portail existe dans chaque côté le départ d’une voûte en berceau réalisée en briques.